vendredi 19 août 2011

Etape 12: Texas - Nouveau Mexique

ETAPE 12: TEXAS - NOUVEAU MEXIQUE
    Ca y est, nous voilà dans le désert aride du Nouveau-Mexique ! C'est sec au possible, on frôle les 40°C, et du coup on se met presque à regretter la mousson de la Louisiane ... Les paysages sont déjà superbes, et ce n'est qu'un début. En dehors de ça, le Nouveau-Mexique, c'est grossièrement un carré de 650km de côté, peuplé de 2 millions d'habitants, avec pour capitale Santa Fe.

    Première étape dans ce tout nouvel Etat du big trip: Roswell. Située à l'Est du Nouveau-Mexique, la ville est une petite bourgade sans prétention d'environ 50.000 habitants avec pour seul voisin le désert à 360°. Roswell est bien évidemment connue pour avoir été le théâtre de l'affaire relative au supposé crash d'un OVNI sur les terres d'un propriétaire local, à une cinquantaine de kms au Nord-Ouest de la ville, en 1947. L'armée locale possédait le seul escadron de bombardiers équipés d'armes nucléaires dans le monde, et la ville se situe à une courte distance des sites de recherche militaire sur le nucléaire (à l'époque secrets) d'Alamogordo et de White Sands.

A Roswell, même les fast-foods font partie intégrante du folklore local.
    Pour résumer, le 4 Juillet 1947, le propriétaire du ranch a prétendu avoir retrouvé des débris métalliques éparpillés sur une large zone, dont certains fragments possédaient des caractéristiques physiques hors normes pour l'époque et même de nos jours. Il décida d'alerter le shériff de Roswell, et les militaires furent également mis au courant. La base locale s'intéressa de près à l'affaire et publia un communiqué de presse officiel expliquant que ses services avaient récupéré une soucoupe volante près d'un ranch...

Les aliens ne sont visiblement pas toujours très téméraires ...
    C'est à partir de ce moment là qu'une frénésie sans précédent s'est emparée des médiaux locaux et internationaux. Le lendemain, face à l'ampleur que prenait l'affaire, l'armée rectifia ses propos en annonçant que l'OVNI récupéré correspondait en réalité à un ballon-sonde ... Il était hélas déjà trop tard, tous les yeux étaient rivés sur Roswell, et la ville devint emblématique pour tous les ufologues mondiaux. En dépit de certaines incohérences, de nombreux témoignages sous serments de personnels civil et militaires accréditent le fait qu'il se soit réellement passé quelque chose en 1947. De plus, la destruction volontaire des archives (papier et audio) de la base militaire de la ville concernant les années entourant l'évènement n'ont fait que renforcer les soupçons.

Une boîte aux lettres intergalactique à Roswell, Nouveau-Mexique.
    Avant toute chose, petite visite au Visitor Center de la ville pour connaître les bons plans. On y est accueilli par une femme d'une cinquantaine d'année absolument adorable et très attentionnée, allant même jusqu'à négliger d'autres visiteurs pour rester avec nous ! Et vas-y que je te file des brochures, des coupons, que je te prenne en photo, bref, un accueil du tonnerre. Oui mais voilà, toute personne, même charmante, a un petit côté satanique ... Une fois la photo terminée, un cafard est venu se balader à nos pieds ! C'est alors que l'hôtesse, tel un Jacky Chan revivifié au Redbull, l'écrasa d'un coup de talon, et s'assura que la bestiole était bien broyée en frottant la pointe de sa chaussure comme on écrase un mégot. A la fin, elle afficha ce petit sourire en coin légèrement démoniaque, en nous disant "vous n'avez rien vu...",  illustrant très bien la phrase "si vous parlez, vous êtes morts".

En compagnie de Bob, l'extra-terrestre.
    En dehors de ça, on ne peut pas dire que Roswell soit très animée, en effet, bon nombre de bars et restaurants ferment entre 21h00 et 22h00 ... pas terrible pour attirer les touristes ! Par chance, un bar sportif nous a permis de nous abriter des terribles orages qui rôdaient ce soir-là:

L'été au Nouveau-Mexique, de monstrueux orages viennent déchirer le ciel.
  Le lendemain, visite du Musée et centre de recherche sur les OVNIS de la ville, qui existe uniquement grâce à des fonds privés, et aux recettes provenant des entrées (5 dollards, c'est raisonnable, on n'est pas à Disney non plus). Hélas, cela se ressent dans la manière dont les informations sont présentées au public, sans aucun aspect ludique. On trouve surtout des extraits de journaux de l'époque placardés sur des panneaux à l'aspect dépassé, des témoignages de personnels civils et militaires (dont des affidavits, c'est à dire des déclarations sur l'honneur, utilisables par la justice), des photos commençant sérieusement à dater, et quelques "effets spéciaux de la mort qui tue" se résumant surtout à des pantins sous une soucoupe qui s'agite toutes les 10 minutes, bref, pas de quoi affoler un martien !

Musée et centre de recherche sur les OVNIS, Roswell.
Maquette censée représenter l'objet juste après l'impact, d'après les "témoins".
Objet de décoration local, très commun à Roswell.
La Belle au Bois Dormant.
Les aliens de Roswell, ou comment révolutionner la cuisson vapeur avec une soucoupe volante.
Autopsie d'un des corps récupérés, avec un fameux homme en noir, ou men in black. Légende urbaine ou véritable petite armée de dissuasion ? ...
    Le reste de la ville se visite très rapidement. Au menu, des boutiques de souvenirs dont certains articles doivent dater des années 80 coitoient un mini-musée abritant la "space-walk", ou promenade de l'espace. En effet, pour la modique somme de 2$, le touriste a le privilège de pénétrer dans un petit tunnel noir d'une dizaine de mètres de long affublé de peintures flashys brillant grâce à des lampes UV. Ce passage de l'espace a été créé par des artistes locaux, et comprend également quelques animations d'objets. Passé le premier moment de stupeur et le fameux "mais qu'est-ce qu'on fout là ?", on apprécie finalement le travail réalisé, et on a un peu pitié pour le grand père qui tient l'attraction et la boutique, qui doit bien avoir dépassé les 80 ans, et qui mériterait de trimballer son respirateur chez lui, bien au calme ... peut-être que c'est ce qui nous attend dans 50 ans après tout ?  (Mode pessimiste: ON) 

Pour trouver la "space-walk", il n'y a qu'à suivre les pas d'aliens dans les rues de la ville !
Tunnel de la "space-walk" ... limite boîte de nuit.
A Roswell, même les lampadaires  n'ont pas l'air d'être d'ici ...
J'ai pu boire l'eau des aliens, et j'ai pissé tout vert !
Très tendances ces lunettes griffées E.T, n'est-ce pas ?
C'est bien, pas de discrimination, tout le monde est accepté chez Arby's (ènième chaîne de fast-foods aux U.S.A).
    Au final, Roswell ne fait pas dans la surenchère question OVNI, comme je le croyais. Il n'y a pas d'exploitation à outrance du phénomène, juste un musée et quelques boutiques un peu ringardes. La plupart des locaux n'y font même plus attention, certains en sont même lassés. En revanche, la municipalité s'occupe d'un musée d'art très riche, complété de galeries sur l'histoire des amérindiens, et de leur intégration au peuple américain depuis la colonisation du territoire. On y trouve même un passage dédié à Robert Goddard, personnalité méconnue du monde de l'aérospatial, qui fut le premier homme (avec son équipe) à réussir un lancer de fusée à propulsion liquide, le 16 Mars 1926, pour une durée de 2,5 secondes et 13m d'altitude. Il déménagea par la suite à Roswell, dont les terres environnantes étaient plus propices au tirs d'engins. En 1932, il réussit à envoyer la première fusée stabilisée par gyroscope.

Fusée avec stabilisateurs, concue par Robert Goddard.
    Nous quittons alors Roswell pour nous diriger vers le Sud-Ouest, en direction d'Alamogordo. Le désert aride fait place à des vallées fertiles et bien plus fraîches (on passe en quelques kms de 35° à 20° !), et nous traverson la ville de Lincoln, territoire du terrible Billy The Kid. En réalité, il existe deux villes portant ce nom. La première est une reconstitution des bâtiments de l'époque, aux "vrais" emplacements, la seconde est une petite ville isolée typiquement américaine, avec ses fasts-foods et stations services comme seuls points d'intérêts.

Lincoln, reconstituée.
Henry McCarty, alias Billy The Kid, bandit et meurtrier de la seconde motié du XIXème siècle, mort à 21 ans, d'où son surnom.
A Lincoln, un porche en bois, une moto, un drapeau, pas de souci, on est bien aux U.S.A !
     Sur la route, nous découvrons un site de pétroglyphes, comportant des dessins et symboles inscrits sur des pierres. Ces figures sont présentes depuis des centaines et des centaines d'années, cependant, le passage incessant des touristes au fil du temps ne permet pas de savoir si la figure que l'on regarde est d'origine, ou bien a été réalisée par un gamin pour s'amuser !

Désert du Nouveau Mexique.
En s'approchant du site des pétroglyphes ...
... on découvre des oeuvres pour le moins ... abstraites !
    Samedi 23 Juillet, réveil à Alamogordo, aujourd'hui au programme, baignade dans une mer ... de sable ! Le site de White Sands est un des nombreux monuments nationaux des Etats-Unis, et le plus grand désert de gypse du monde (le gypse sert à fabriquer le plâtre). Le site est une cuvette dont les dépôts de minéraux proviennent d'une ancienne lagune présente il y a 250 millions d'années, et des montagnes alentours, formant une sorte de piège pour les eaux chargées en sels qui viennent s'y déposer.

Site de White Sands, Nouveau-Mexique.
Du sable à perte de vue, lavé avec Mir laine.
C'était juste une ombre, c'était juste une silhouette ...
Inutile de préciser qu'avec ce blanc réflecteur, il faisait une chaleur écrasante !
    Mais le site est aussi le terrain privilégié des américains pour les essais d'armes de type missiles et fusées. La première bombe atomique d'Alamogordo y a été testée, les missiles V2 de la seconde guerre mondiale également, et des tirs ont lieu chaque semaine. Et comme les militaires pensent à tout, du moins chez eux, la zone est fermée au public pendant les phases de tests, histoire de ne pas se retrouver avec des civils en morceaux, comme en Afghanistan ou en Irak, ça ferait tâche sur le beau sable blanc...

Perdu dans le désert de White Sands.
Eh oui, ça pousse, même dans un désert pareil !
A droite ? A gauche ? On n'est décidément pas d'accord ...
A faire une fois dans sa vie: escalader un mur de sable !
    En dehors de jouer à qui tiendra le plus longtemps enseveli sous 2 mètres de sable, il existe une activité fort sympathique pour tout bon touriste qui aime se faire pigeonner: la luge de sable. Dans le principe, on paie 15$ l'achat d'une coque en plastique conçue pour la neige, qu'on nous "rachète" généreusement pour 5$. Ensuite, il suffit de trouver une bonne dune bien pentue, et en voiture Simone pour dévaler les pentes ! 

Non, ce n'est pas un OVNI, juste une luge.
Au début, on est hyper motivés ...
... mais en réalité ça ne glisse presque pas. Après tout, ça reste du sable, et ne vaudra jamais la neige !
    White Sands est vraiment un lieu hors du commun, où le temps s'arrête pour nous permettre de contempler une nouvelle merveille de la nature, qui décidément se montre généreuse au long de ce voyage ...

White Sands, Nouveau-Mexique.
Où est la terre, où est le ciel ? La réponse n'existe peut-être finalement pas ...
 
     Nous reprenons la route pour nous diriger vers le Nord du Nouveau-Mexique, avec un passage éclair à Albuquerque, dont nous n'aurons vu qu'un festival de rue assez sympa, avec beaucoup de peuple.

Albuquerque, Nouveau-Mexique.
    Le Nord de l'Etat est très typique, avec ses constructions en argile à la mexicaine (couleur orange, brun). Même le McDo s'est mis aux couleurs locales. La ville de Santa Fe est presque exclusivement construite de cette manière. En revanche, difficile de trouver des endroits où sortir dans les petites villes américaines, une nouvelle fois, les établissements ferment tôt, et il n'y a pas grand monde dans les rues, Santa Fe ne déroge pas à la règle.

Construction en argile, Nouveau-Mexique.
    Nous profitons de notre dernière journée au Nouveau-Mexique pour aller dire bonjour aux indiens locaux. Le village de Taos Pueblo (village des saules rouges) accueille les touristes et offre des visites guidées intéressantes pour qui veut bien prendre le temps de faire un détour hors des sentiers battus. Le site, qui comporte des habitations et des édifices religieux, tous en argile, est classé site historique mondial par les Nations-Unies. Les premiers Amérindiens se sont installés dans cette région de l'Amérique il y a environ 800 ans, et ont commencé à construire des "Pueblos" qu'ils ont entretenus de génération en génération jusqu'à nos jours. 

Bienvenue à Taos Pueblo, le véritable ancien village indien, à quelques kms de Taos, la ville moderne avec tout le confort que cela comporte.
Construction en argile de Taos Pueblo, Nouveau-Mexique. Auparavant, l'accès aux habitations se faisait par une trappe située sur le toit, à laquelle les habitants accédaient en grimpant à l'échelle. Depuis, les progrès des structures métalliques et en bois ont permis la création d'ouvertures sur les façades.
Le village est divisé en deux par une rivière et par moi.
    Actuellement, sur les 1900 individus que compte la tribu, seuls 150 vivent en permanence à Taos Pueblo, dépourvu d'eau courante et d'électricité, le reste ayant choisi d'émigrer dans la ville de Taos, à quelques encablures, pour bénéficier du confort du monde moderne.

Lors de notre passage à Taos, une foule impressionnante était présente de part et d'autre de la route, dans l'attente d'un défilé de véhicules. En effet, certaines voitures à Taos sont, comment dire ... renversantes !
Dans les environs de Taos, la population est très affectueuse !
     La culture Taos a résisté aux invasions européenes et reste très présente au sein du groupe, avec un langage propre, uniquement oral, et des traditions religieuses assez développées. 

Notre guide, devant un four à pain, hélas pas en fonction (le four, pas la guide...)
Construction en argile de Taos Pueblo, Nouveau-Mexique.
Eglise du village, avec la messe dès 7h00 tous les Dimanches ! Ca doit piquer ...
La religion est particulièrement ancrée dans les traditions locales à Taos Pueblo.
Avant de me faire rembarrer, j'ai pu prendre une photo de l'intérieur d'une maison de Taos Pueblo.  L'habitant me précisa que c'était un endroit privé, cependant, toutes les maisons "visitables" du village, comme celle-ci, ont été transformées en boutiques...
Cimetière du village, autour de l'ancienne église du village, bombardée par des canons lors de la guerre avec le Mexique.
Chien indien à Taos Pueblo.
Comme on dit, avoir les mains sales ...
   Au final, la visite était instructive, mais j'ai ressenti un côté touristique trop prononcé pour un endroit censé rester assez authentique. Premièrement, en plus de l'entrée, on nous fait payer l'usage de chaque appareil photo, qu'il faut "déclarer" à l'accueil. Ensuite, les maisons sont toutes remplies de babioles ou nourriture comme dans n'importe quel coin pour touriste, et enfin on apprend que pratiquement aucun habitant ne vit réellement dans le village ! Le lendemain, des danses traditionnelles étaient présentées, mais nous serions déjà partis.

    Sur la route nous menant dans l'Etat du Colorado, nous passons au dessus du Rio Grande, sur le "Gorge Bridge", qui surplombe le fleuve de ses 200m de haut, et en fait le 5ème pont le plus haut du pays. La vue est impressionnante, et prometteuse pour l'étape du Grand Canyon dans quelques jours !

Gorge Bridge, Nouveau-Mexique.
Vue sur le Rio Grande depuis le Gorge Bridge, Nouveau-Mexique.
Un canyon, des montagnes, la pluie qui s'en vient, au revoir le Nouveau-Mexique !
    Dimanche 24 Juillet, nous quittons le Nouveau-Mexique pour la prochaine étape: l'UTAH et ses parcs nationaux. Nous avons dû pour cela traverser une partie du Colorado, véritable éden pour tout amateur de montagne, à visiter lors d'un prochain voyage, pour sûr !

Montagnes du Colorado.


ON THE ROAD AGAIN  !!!!



1 commentaire:

  1. Bon alors là t'as ouvert la brèche! Tu prépares un autre voyage pour voir le Colorado et bien je dis ON THE ROAD WITH US...

    Que du plaisir à te lire ... et à te voir poser dans de si belles et spontanées photos! J'ai l'impression de voir un futur photographe en herbe! Par contre, essai de ne pas revenir complétement irradié...

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